mercredi 27 janvier 2016

Semaine 3 : Arrivée à Jérémie



Après mes deux premières semaines passées à Pétion-Ville, le Pasteur Edzaire Paul  a eu la gentillesse de me prendre dans sa voiture, conduite par un chauffeur, pour les 300 km menant à la ville de Jérémie. Son pick-up était rempli de matériel et ma valise était fixée par-dessus le tout...Heureusement que le chauffeur a pris d'autres cordes, car les premiers kilomètres avec une seule petite corde m'ont fait craindre que la valise n'arrive pas à bon port ! Ce d'autant plus que, si les 200 premiers km ont été relativement très confortables, car la route jusqu'aux Cayes est goudronnée (il faut juste faire attention à "la police endormie" /"gendarmes couchés", à la circulation des véhicules, des personnes et des animaux !), la dernière partie traversant le massif montagneux de la Hotte (un des plus hauts d'Haïti- point culminant à 2347 m) est composée d'une route de terre battue, voire même uniquement de cailloux !

Pendant de nombreux km sur ce dernier tronçon, j'ai vu des véhicules de chantier qui cassent des rochers et qui essaient d'élargir la route. Comme c'était dimanche soir, tout était à l'arrêt (ce qui était un facilitateur, car les jours de travail, par moment, la circulation est simplement totalement stoppée),  mais la nuit ne rendait pas facile la vision des motos ou des personnes sans éclairage. Incroyable le nombre de personnes marchant le long de cette route.... Nous avons bien traversé des villages, mais, comme beaucoup sont sans électricité, difficile de voir où les gens se rendent !

Après 6h de route, nous sommes enfin arrivées à Jérémie où nous avons essayé de nous frayer un chemin parmi le cortège de pré-carnaval. J'ai découvert alors  ma nouvelle maison pour les 6 mois de mission. Il s'agit du guest-house des églises méthodistes à Jérémie, mais aussi le foyer du pasteur Lelièvre. La famille, composée des parents et de trois enfants de 10, 8 et 6 ans, dispose d'une grande chambre pour eux au premier étage. Il y a ensuite, sur le même palier, une petite chambre, trois dortoirs de 4 à 6 lits et finalement la chambre qui m'a été attribuée. Cette dernière est très spacieuse avec un lit double, une petite coiffeuse, une table haute et une immense armoire. Le pasteur Paul a aussi apporté une table d'ordinateur et une chaise afin que je puisse aussi avoir un lieu de travail. C’est vraiment un privilège d’avoir une si belle chambre pour moi seule ! Enfin, il y a  deux vérandas extérieures (une au rdc et une au premier), trois salles de bains et une grande salle à manger (avec une immense table massive), puisque, si le guest-house est complet, il pourrait y avoir une vingtaine de personnes. Il est situé un peu au dehors de la ville dont on entend parfois certaines animations, mais d’une manière générale, c’est dans un quartier assez calme et c’est très agréable de ne pas avoir des klaxons la nuit ! Il y a un nombreux personnel (quatre femmes pour la cuisine, la lessive et le ménage, un chauffeur et un homme à tout faire, dont le jardin) qui me permet de vivre confortablement, même si j’aide à débarrasser la table et à faire la vaisselle.

Dès le lundi matin, les inspecteurs des circuits de Léon et Jérémie, trois en tout, sont venus me saluer au déjeuner. Nous les avons ensuite rejoints et sommes partis visiter trois des 44 écoles de la région ! Il faut distinguer les écoles mères (écoles principales) et les écoles CREP. Ces dernières sont des « Centres Régionaux (avant on parlait de centres ruraux) d’Education Participative (avant on disait populaire) »… les changements de mots ont été faits depuis peu afin d’éviter une connotation négative. Ces dernières écoles sont en général assez éloignées des villes et grands villages, elles se trouvent le plus souvent en montagne avec des routes ou des chemins uniquement pédestres pour y parvenir. Ce premier jour, nous avons visité une école mère et deux écoles CREP. Ces dernières étaient tout simplement magnifiques, car l’EPER (une ONG suisse) rénove ou construit de nouvelles écoles depuis plusieurs années dans la région et 20 écoles sur les 26 CREP ont déjà pu être rénovées… Du coup, elles sont tout simplement bien plus belles et confortables que de nombreuses écoles de la région !
 Le nouveau bâtiment scolaire et l'ancien !















 Dans une classe de 6ème, j’ai vu la liste des élèves et j’ai constaté que certains élèves ont plus de 20 ans….j’admire leur volonté d’apprendre pour mieux avancer dans la vie !










Le mardi, j’ai pu découvrir mon nouvel espace de travail au sein des bureaux de l’administration inspectorale. C’est un magnifique espace où le pasteur Paul a aussi fait installer bureau et chaises. J’ai donc vraiment bien été accueillie !


Une partie de l'équipe inspectorale...



La vue depuis ma fenêtre..

L’électricité étant le plus souvent absente dans tout le bâtiment, les secrétaires écrivent sur de vieilles machines à écrire à ruban et cela me rappelle mon enfance. Il y a bien un ordinateur, mais je ne sais pas quand il marche…. Je crois qu’il faut aller dans le collège à côté pour avoir l’électricité, ces bureaux sont en effet attenants au Collège Jean Wesley, la principale école mère de la région. Il s’agit d’un bâtiment unique, sur plusieurs étages à flanc de coteau. Quand j’ai un moment, je profite donc de me rendre dans une classe de cet établissement qui enseigne  des années préscolaires à l’année Philo (baccalauréat). Comme à Pétion-Ville, les élèves ont un uniforme jaune et gris dans les écoles mères. A priori, dans les écoles CREP, la tenue est plutôt bleue.





La journée des élèves commence à 8h avec la prière, le lever du drapeau, l’hymne national et l’hymne de l’école, tous réunis dans la cour, et se termine à 13h la semaine (pour les élèves du primaire, avec 30 minutes de pause), 12h le vendredi. A nouveau, lors de mes observations en classe, j’ai été frappée par le bruit permanent dû notamment au manque de vitres, mais surtout, le préau étant restreint, au fait que les classes se succèdent pour les récréations ! C’est donc très bruyant et ce pendant presque 2h ! Cela me rappelle nos préaux, car les garçons jouent principalement au football et les filles à la corde à sauter. Certaines classes (1ère et 2ème) sont très petites et très sombres (car au rez-de-chaussée) et contiennent difficilement les 36 élèves habituels ! Chaque classe possède des tables et bancs pour deux (trois ou quatre chez les plus jeunes), le bureau pour l’enseignante et une armoire pour le matériel. Le tableau noir traditionnel a toujours un proverbe pour la semaine, le tableau des effectifs et à chaque leçon l’enseignante doit indiquer la discipline, le thème travaillé, l’objectif spécifique de l’activité et le contenu.

Dans chaque classe, j’ai pu remarquer qu’il y a toujours plus de garçons que de filles (souvent  2/3-1/3). J’ai demandé si cela est un effet de discrimination (on favorise la scolarité pour les garçons), mais il semblerait que cela soit tout simplement représentatif de la natalité différente ! L’autre jour, j’ai aussi vu un élève avec des lunettes en 4ème et je me suis dit que très peu d’enfants en ont…Mais là je pense qu’on est vraiment dans un souci de dépistage ! Enfin, je parlais de degrés primaires, mais à Haïti, on parle de 1ère à 6ème comme d’années fondamentales, on dit donc 1ère AF !

Cette première semaine a été très tranquille, les inspecteurs voulant me laisser le temps de m’adapter et de trouver mes marques. Je me suis installée dans mon bureau (qui n’a donc pas d’électricité, mais vu mes heures de travail ce n’est pas grave et mon ordinateur portable a assez d’autonomie !) et, à part mes périodes d’observations dans quelques classes, j’ai consulté des documents méthodologiques. J’ai aussi préparé un document sur l’évaluation, car cela va être un des thèmes de travail prochainement. J’ai hâte de rencontrer et collaborer avec les enseignants, mais cela va être à organiser, car ici les enseignants n’ont pas de réunion de coordination pédagogique hebdomadaire comme à Pétion-Ville.         

Je me déplace dans la même voiture qui mène les enfants de la famille à l’école, je travaille donc de 8h à 13h. Les administratifs eux travaillent de 8h30 (donc quasiment 9h !) à 14h avec 30 minutes de pause de 12h à 12h30. Personnellement, je ne prends pas de pause et essaie de travailler encore un moment dans la fin de journée sur mon ordi ou en lisant. Ces horaires seront forcément différents lors des réunions avec les enseignants qui auront lieu après l’école et/ou le samedi. Un rythme très, très tranquille qui me laisse aisément le temps d’aider les trois enfants de la famille à faire leurs devoirs (ils en ont chaque jour pour le lendemain et le vendredi pour le lundi). Cela me permet aussi une approche de l’enseignement d’ici et je suis notamment étonnée par la quantité de textes à apprendre par cœur : résumés des leçons d’histoire, de géographie, de sciences expérimentales entre autres. J’ai revu ainsi des notions des appareils génitaux et urinaires (programme de 6ème AF) que je n’étais même pas sûre de connaître !

Un des inspecteurs est venu me voir pour avoir une réponse à un de ses soucis : pour les nombres d’une vingtaine, doit-on dire « vingt-deux » en prononçant le t ou sans le prononcer, (car certains enseignants ne sont pas d’accord quand il les corrige )? Je n’ai pas réellement répondu, en précisant que cela dépend notamment de la région (accent local), mais que le principal reste dans la notion de l’exacte quantité représentée par ce nombre ! Cette longue discussion (ma réponse ne l’ayant pas satisfait) m’a  montré que nous n’avions peut-être pas tout à fait la même notion de l’essentiel en pédagogie…. :-) 

Ici, il a été « décidé » que j’avais trois mois pour parler le créole ! Il s’agit donc d’un défi qui est de taille, car je n’ai vraiment pas de facilités pour les langues, mais j’essaie ! Le créole est en effet une des deux langues officielles avec le français. Les élèves ont des leçons sur ces deux langues toute leur scolarité et ne commence l’anglais qu’au troisième cycle (environ 12 ans). Je vous reparlerai certainement de mes progrès ces prochaines semaines !






Une rue du centre de Jérémie....

Cette première semaine, j’ai pu me promener un peu en ville et dans les environs en voiture ou à pied. Il faut bien dire que la ville ne peut pas être considérée comme belle… Elle est composée de nombreuses constructions d’un ou deux étages, toutes accolées les unes aux autres, avec un commerce au rez-de-chaussée et une habitation à l’étage, mais il y en a beaucoup qui sont « délabrées » et/ou fermées. En arrivant en ville ou dans les hauteurs, il y a des bidonvilles composés d’abris en toiles/bois/tôles.






Quelques rues principales sont goudronnées ou pavées, mais les autres sont en terre battues, il y a donc une énorme poussière soulevée par les véhicules !  Partout des détritus, des rigoles d’eaux sales et odorantes…


La rue juste devant nos bureaux avec des fouineurs à pattes qui viennent voir s'il y a quelque chose à manger !















En ville, presque pas de tap-tap ou de bus. Les déplacements publics se font en majorité sur des motos-taxis qui peuvent passer par toutes les rues assez aisément. La ville est au bord de l’eau, mais les rives sont très caillouteuses et jonchées de déchets, l’eau semble bien polluée. La gestion des déchets est vraiment un énorme problème ici L ! Par contre, quand on quitte la ville pour la campagne, certains paysages sont très verts et très boisés avec des vues magnifiques. Ici aussi la moindre route grimpe sur les collines et montagnes et certaines pentes sont incroyables ! Très souvent il faut traverser des ponts qui sont en train d’être refaits et passer sur les ponts provisoires en métal se révèle aussi assez intéressant, mais il arrive aussi de devoir traverser des grosses flaques ou des petites cours d’eau directement  ! Je vous proposerai quelques photos dans mon prochain article !

J’ai également été frappée par l’élégance des dames qui ont toujours de belles tenues et souvent de beaux chapeaux alors que tout est lavé à la main…Des fois, j’ai honte d’être toujours en pantalon et t-shirt…et je n’ose même pas imaginer ce que cela doit être à l’église ! Il va falloir que je m’achète au moins une jupe ou une robe…..

Pour finir, je vous parlerai encore juste de la spécialité locale, que j’ai pu déguster déjà à plusieurs reprises, il s’agit de la « Comparette », sorte de pain à l’essence d’amandes. Ce petit pain rond est en fait assez gros (10 cm de diamètre) et est à partager, car c’est bon mais très vite rassasiant !
Voilà beaucoup de découvertes pour cette première semaine…. Je me réjouis de vous raconter la suite d’ici quelques temps !


Merci pour votre lecture et bonne continuation à tous !




samedi 16 janvier 2016

Haïti : semaines 1 et 2

Bonjour à tous,

Je suis arrivée  à Haïti le 4 janvier pour une mission de 27 semaines grâce à l'Association Suisse des Amis d'Haïti (ASAH), association genevoise (www.asahiti.org). Voici le récit des deux premières semaines que j'ai passé à Pétionville, ville banlieue à 7km du centre de Port-au-Prince.

Tout d'abord, je précise que je vais collaborer en tant qu' "encadreur pédagogique des écoles méthodistes primaires des circuits de Jérémie et Léon", villes qui se trouvent dans la région de la Grande Anse, à la quasi extrémité sud ouest de l'île.  Je vais donc travailler au sein d'écoles privées subventionnées par l'Eglise Méthodiste d'Haïti (EMH), qui a divisé Haïti en 11 circuits dont celui de Jérémie et celui de Léon. Au sein de ces circuits, il y a trois types d'écoles : les écoles mères tenues par des enseignants ayant suivi la formation initiale (7 dans les circuits où j'irai), les écoles CREP (centres ruraux d'éducation prioritaire) avec des enseignants plus ou moins formés (au nombre de 30 écoles) et les écoles presbytériales tenues par les pasteurs dans leurs locaux (7). Dans la mesure du possible, je vais essayer de travailler avec les 3 inspecteurs de régions et les directeurs et les enseignants des 44 écoles en sachant que certaines ne sont accessibles qu'avec une ou deux (voir plus) heures de marche ! J'espère vraiment être à la hauteur pour leur apporter mon soutien.
Dès 1963 et grâce à l'aide de pédagogues et de coopérants romands, EMH a entrepris un important travail dans les domaines de l'éducation (en prônant la pédagogie active) et du développement durable, et est souvent sollicité par d'autres instances privées et publiques. 

Avant de rejoindre ces circuits, je passe deux semaines au Centre Méthodiste de Frères (CMF), à Pétionville. Il s'agit d'une sorte de vaste campus avec de nombreux bâtiments dont le "Kindergarten", jardin d'enfants préscolaires pour les enfants de 3 à 6 ans (appelées aussi 13ème classe), les classes du premier cycle (1P à 3P, 6-9 ans), les classes du deuxième cycle (4P à 6P, 9-12 ans), les classes du troisième cycle (7 à 9, 12-15 ans), les classes du secondaire (appelées troisième, seconde, rétho et philo, soit 4 degrés qui permettent l'obtention du baccalauréat, pour les élèves d'environ 15-19 ans), une cantine, un réfectoire, une salle informatique, des laboratoires de physique, de chimie, de biologie, deux bibliothèques (une pour le primaire et une pour le secondaire), un économat, etc.. Tous les élèves sont acceptés quelle que soit leur religion.Il y a également une Ecole Normale qui forme les enseignants à leur métier, le Service de pédagogies spécifiques qui élabore  les programmes, les répartitions horaires, tous les documents scolaires dont des méthodologies très intéressantes avec des objectifs semblables à Genève afin de rendre l'élève actif et autonome dans ses apprentissages.
















Enfin, il y a un temple et la pension  où je loge pour ces deux semaines. La pension est très agréable. J'ai une belle chambre et il y a une place où les déjeuners et soupers sont servis (pas de dîners), un coin télévision et une belle terrasse avec une piscine.



Un des bâtiments des chambres, la mienne est au premier !

La terrasse et la piscine


La vue depuis ma chambre au premier











Je ne sors quasiment pas du campus, car, depuis le tremblement de terre le 12 janvier 2010, la situation économique s'est détériorée et donc les conditions de vie aussi. Un grand nombre d'habitants ont quitté la capitale qui a été détruite à près de 80 % pour se réfugier dans les hauteurs des montagnes. Ainsi Pétionville a doublé de population en 6 ans et cette petite ville auparavant un peu "bourgeoise" a perdu de sa tranquillité. Dès lors, un étranger qui se promène seul se fait sans arrêt aborder pour de l'argent et peut être bousculé. Pour se promener, il est conseillé d'avoir un chauffeur et/ou d'être accompagné par des gens locaux.

Les écoles ont repris le 11  janvier, dès lors la première semaine j'ai attendu le vendredi pour rencontrer Madame Mary-Lise Desroches, une genevoise établie à Haïti depuis plusieurs décennies.
et qui dirige le centre méthodiste de Frères. Lors de cette première semaine, j'ai eu la chance de rencontrer, à la pension, différents groupes américains de passage, des gens du pays, mais surtout Ute et Guy Loutan-Bauer, couple genevois, qui passaient la dernière de leurs 4 semaines consacrées à un projet écologique au sein du centre. J'ai passé d'excellents moments en leur compagnie : repas, baignades dans la piscine de la pension, longs échanges, mais aussi une instructive et très intéressante visite du musée du Panthéon National Haïtien, qui retrace toute l'histoire d'Haïti, et, enfin, nous avons assisté à un spectacle donné par des élèves du secondaire "Ecoliers en scène". Cette magnifique comédie musicale avec des chants et des danses très professionnels a été précédée d'une petite conférence de Guy sur l'écologie pour préserver la terre qui rejoignait le titre du spectacle "Changer la fin". Ce dernier événement, le samedi soir, a été une belle fin de séjour pour Guy et Ute que je remercie pour toutes les réflexions qu'ils m'ont apportées et à qui je souhaite une excellente suite. Ci-dessous mon rapide portrait exécuté par Ute, artiste céramiste.















Le lundi 11, l'école commençant, j'ai pu assister, dès le premier matin, au lever du drapeau sur l'hymne national chanté par les élèves, tous regroupés sur le terrain de sport. Ensuite, après une visite des différents bâtiments le premier jour, j'ai été assister à l'enseignement dans les différentes classes primaires et j'ai eu des échanges avec Madame Desroches, mais aussi des responsables du SPS, de l'Ecole Normale et du BEMHEG (bureau des EMH pour l'Education Générale). Le mardi 12 janvier (date du 6ème anniversaire du terrible tremblement de terre), il y a eu un exercice d'évacuation et un moment de prières et de lecture.




Ici, l'uniforme des garçons est un bermuda ou un pantalon gris avec chemise jaune, les filles ont une robe jaune, puis dès 5ème ou 6ème, une jupe grise avec une chemise jaune pâle, chaussettes/
socquettes blanches ou grises et si possible chaussures noires.






C'est très beau de voir tous les enfants habillés la même chose et toutes les fillettes ont des noeuds, rubans ou barrettes jaunes ou blancs dans les cheveux. Pour le sport, ils ont un uniforme composé d'un t-shirt jaune foncé avec le nom du centre et d'un short le plus souvent bleu marine. Les enseignantes sont habillées en beige et blanc, les enseignants en pantalon gris ou beige, chemise blanche et cravate.

En primaire, une classe est composée d'environ 30 élèves pour le cycle 1 et d'environ 45 pour le cycle 2  et ils ne viennent que le matin (semaine sur 5 jours : 8h-13h pour les 1-4ème et 7h50-14h30 pour les 5-6ème, avec 30 minutes de récréation). En effet, l'après-midi, 6 enseignants (un par degré) accueillent presque une centaine d'enfants défavorisés dont les parents ne peuvent pas payer les écolages. Ils viennent donc suivre le programme et recevoir un bon repas, qui constitue souvent leur seul repas de la journée. C'est l'ASAH qui permet aussi le soutien de ces élèves et du repas qu'ils reçoivent, tout comme elle donne des bourses pour permettre à certains élèves de finir leur scolarité en secondaire.





Certains élèves avalent leur repas en moins de 5 minutes, car  ils tiennent à avoir encore du temps pour aller jouer. Comme chez nous, le jeu favori des garçons est le football qui se pratique avec un ballon, si possible, mais avec n'importe quel objet s'ils en n'ont pas !






Cette école a environ une quarantaine de classes (de la 1ère à la Philo) et donc pas loin de mille élèves. Les classes sont dans plusieurs bâtiments et il y a ainsi plusieurs "préaux" surveillés par plusieurs enseignants (un dans chaque préau, 4 en tout). Durant les cours, en m'asseyant dans un des préaux ou même en classe, ce qui m'a frappée avant tout c'est le bruit permanent. En effet, les fenêtres n'ont pas de vitres, il s'agit d'une simple ouverture sur l'extérieure et le brouhaha des élèves est audible autant à l'extérieur qu'à l'intérieur des classes. De plus, il y a toujours des mouvements de classes qui vont au sport, à la bibliothèque ou dans un laboratoire. Dès lors, c'est très vivant à entendre et à voir. Les nuits dans la pension sont aussi bruyantes, car pas de vitres non plus et la circulation avec les coups de klaxons sont permanents de 5h à minuit. Enfin, il doit y avoir un dancing pas très loin, j'entends donc toutes les musiques (beaucoup de collé-serré sympas) et les gens qui parlent bruyamment en sortant et cela 7/7 !

J'ai rencontré aussi plusieurs jeunes hommes qui ont suivi une partie de leurs études et qui veulent soutenir des enfants défavorisés dans les favelas locales (où ils habitent) et qui organisent le samedi et le dimanche, quand ils ne travaillent pas et avec l'aide de camarades, des moments d'enseignement de langues, écriture, et aussi artisanat pour qu'ils apprennent à produire des articles qu'ils pourront ensuite vendre. Le samedi 16, j'ai été assisté au cours de poterie avec les enfants et c'était très sympa. Nous nous sommes rencontrés deux fois et j'espère que leur projet va s'enraciner et croître, car j'admire toutes ces volontés et l'énergie qu'ils donnent aux autres pour partager un peu de leurs savoirs.

Samedi 16 janvier est ma dernière journée à Pétionville, car le dimanche 17 je partirai pour Jérémie.  Ce jour-là, après la visite ci-dessus, j'ai été manger avec une jeune et sympathique pasteure dans la cafétéria d'un supermarché et nous avons eu une longue et passionnante discussion de deux heures. J'ai pu me rendre compte que les rayons de ces supermarchés "à l'américaine" sont très bien achalandés. Entrer et sortir du parking est très sportif, car ce ne sont quasiment que des gros pick-up prêts à forcer le passage et à se parquer n'importe où. J'ai constaté que dans ces lieux on peut rencontrer tous les européens vivant dans la région et les "grosses fortunes"; en effet, au vu des prix que je considère comme quasiment européens, la plupart des Haïtiens ne peuvent fréquenter ces lieux. Eux se rendent dans les marchés et les boutiques  tout au long des trottoirs de la ville, quant ils ont des gourdes à dépenser ! Enfin, comme aux Philippines, je m'aperçois que les Haïtiens sont également très friands de douceurs (ci-dessous les gâteaux de la boulangerie du supermarché).

















Voilà, mes deux premières semaines haïtiennes s'achèvent et j'ai hâte de découvrir mon nouveau lieu de vie. Chacun m'a avertie que la province est bien plus calme (ouf !) et que les conditions de vie sont différentes, que chaque chose (surtout l'école) est moins organisée... Je verrai bien et vous tiendrai au courant de la suite ;-)

Avant de vous quitter, je vous remercie de votre soutien et de votre intérêt... Chaque article est lu par plus de 50 personnes et cela me fait très chaud au coeur, car je sais ainsi que vous êtes en pensée avec moi ! Prenez soin de vous et bonne continuation !

dimanche 10 janvier 2016

Premières impressions à Haïti !


Après mon voyage de 15 semaines aux Philippines, me voici partie pour une nouvelle mission de 27 semaines sur l’île d’Haïti. Après un passage à Port-au-Prince et Pétionville, je me rendrai quasiment à l’extrémité sud-ouest de l’île, dans la ville de Jérémie, région de la Grande-Anse. Lundi 4 janvier, l‘avion d’Air France en provenance de Miami a survolé l’île d’Haïti avant d’atterrir à Port-au-Prince, capitale de ce pays. Mon premier constat a été de voir une île très montagneuse, beaucoup plus que je ne le pensais (je découvre que les montagnes représentent le 80 % du pays), et des paysages « râpés » avec de la végétation, mais relativement peu, le déboisement massif et l’érosion étant en effet deux des grands soucis actuels. Fini les paysages tropicaux des Philippines : il y a des palmiers au bord de la mer, mais beaucoup plus d’arbres boisés. 






























 

Après des formalités durant lesquelles j’ai dû remplir trois fois le formulaire d’entrée, car les erreurs ne sont pas acceptées (mon réveil à 5h du matin- heure locale, après une nuit très hachée, ne me rendait pas très attentive :-( ), j’ai constaté qu’il manquait une de mes deux valises (la petite remplie de matériel pour les formations des enseignants). Une fois le passage aux réclamations fait, j’ai été la dernière à sortir de l’aéroport, du coup la porte de sortie était déjà fermée et elle a dû être réouverte pour moi ! Heureusement, j’étais attendue et M. Paul m’a directement conduite à Pétionville, une banlieue de Port-au-Prince puisque les 7 km qui séparent les deux centres sont partout construits et on ne voit pas quand on quitte une ville pour l’autre. Très rapidement en quittant l’aéroport, les routes sont très pentues, surtout à Pétionville. Si on comparait Lausanne à cette dernière, notre ville lémanique serait presque plate ! Ici, il faut savoir bien gérer les démarrages en côte ! 



Immédiatement, je constate que les rues, surtout sur l’arrivée dans les carrefours, sont très défoncées…Des restes du séisme de 2010 ? Si les axes principaux sont goudronnés, je vois aussi que les autres rues ne le sont pas. Il faut donc des voitures résistantes… Lorsqu’un chauffeur m’a ramenée le lendemain chercher ma valise à l’aéroport, nous avons pris des petites routes pour éviter les grands axes encombrés et alors j’ai constaté que le terme de route est inexact, il s’agit de chemins caillouteux, défoncés par des trous parfois remplis d’eau et de déchets qui traversent les divers quartiers de Port-au-Prince. Il s’agit bien des dégâts causés par le tremblement de terre. Partout des maisons en constructions ou des maisons de tôles pour ceux qui n’ont pas les moyens de reconstruire. Sentiment de dévastation et je sais que je ne n’ai pas vu les quartiers les plus atteints.

Lors de différents échanges, un haïtien m’a raconté le jour du séisme et comment, quasiment par miracle, il venait de sortir de l’immeuble qui s’est effondré en tuant tous les habitants et comment aussi sa propre famille a survécu en quittant, par hasard et suite à une coupure d’électricité, la maison familiale juste avant son effondrement. C’est très touchant et on se rend compte de la terrible épreuve vécue par ce peuple.

Mon premier transport ayant lieu aux environs de midi, la circulation est assez calme. Il en est autrement le matin et à 16h, lorsque tous les travailleurs font le trajet entre leurs habitations et leur lieu de travail. Très vite et à chaque déplacement, je testerai les embouteillages de la capitale (voir juste plus loin !).

J’ai remarqué des sortes minibus, appelés ici « tap-tap », soit des voitures pick-up couvertes, dans lesquels peuvent prendre place une dizaine de personnes pour se déplacer. Ce sont les taxis du peuple et les transports publics.





 

















Mon parcours vers 16h pour aller à un distributeur bancaire a été très animé et ici, comme aux Philippines, on ne compte plus les coups de klaxons, heureusement que mon chauffeur était un habitué ! L’impatience des conducteurs provoque ces klaxons et chacun essaie de forcer le passage par la droite ou la gauche et une voiture peut tout à coup se retrouver coincée entre deux autres qui veulent se rabattre. Si leur patience est limitée et que c’est possible, les conducteurs vont prendre des ruelles adjacentes, même si elles sont quasiment impraticables. Il vaut mieux avoir un 4x4 et une voiture assez surélevée, sinon attention les dégâts.

Aucun passage piéton est tracé au sol, alors les traversées pour les piétons sont « sportives » ! Partout de petites boutiques et des marchands installés à même le sol, des bâches sur lesquelles sont exposés des tas de chaussures, des fruits/légumes, des pneus, des habits etc. Mais aussi l’exposition de peintures, car Haïti possède de très nombreux artistes. Parfois, un gros tas d’ordures, de bouteilles de plastique, de tv hors d’usage, au coin d’une rue, débordant sur la route ou tout simplement une route défoncée rendent malaisé la circulation, surtout s’il y a un carrefour !

 

Dans ce pays, il y a 6h de décalage avec Genève (6h en moins, donc quand il est midi à Genève il est 6h du matin à Haïti). Ayant dormi une nuit à Miami, cela me permet déjà de prendre le rythme… La nuit tombe vers   17h30 et le dîner a donc lieu assez tôt (vers 18h30). Une fois de plus, je constate, comme en Asie et en Afrique, que l’alternance jour-nuit règle beaucoup plus les habitudes de vie que chez nous ! 

Dans la pension dans laquelle je vis, je mange de délicieux buffets au petit-déjeuner et au souper, il n’y a pas de dîner ! Au déjeuner, il y a toujours des céréales, des fruits et du jus de fruits frais chaque jour différents, des œufs préparés chaque jour autrement, de la confiture, des cakes/pancakes/pain (selon les jours). Au souper, de la salade, des légumes chauds, de la viande ou du poisson, des beignets de bananes ou autres ou des frites, du riz. C’est très bon et copieux !


 
 
Ici la monnaie locale est la gourde haïtienne (si,si…) et 1.- CHF correspond à environ 56 gourdes, tout comme 100 gourdes correspondent environ à 1,80 CHF. J’ai constaté qu’il y a un certain nombre de billets (1’000,500, 250, 100, 50, 25, 10 et des pièces de monnaie, même si je n’ai vu pour le moment que des pièces de 5 et 1 gourdes). A beaucoup d’endroits, le prix est également indiqué en dollars américains qui sont aisément acceptés.
La saison des pluies a terminé fin novembre, et il fait actuellement entre 28-30 degrés la journée, une température  minimale entre 19 et 21. L’humidité est d’environ 60 %. C’est donc des conditions plus douces qu’aux Philippines, la saison chaude commencera en mai. Pour le moment, je trouve cela agréable et ai renoncé au ventilateur dans ma chambre, car cela rend l’air trop frais….

Depuis quelques années, le créole est considéré comme une langue tout comme le français, dès lors un grand nombre de gens ne parlent plus autre chose que le créole. Cependant, ceux qui ont fréquenté des écoles parlent aisément français et/ou anglais, notamment s’ils doivent avoir contact avec des étrangers. L’espagnol est aussi appris par certains, notamment ceux qui souhaitent des liens avec la République Dominicaine où émigrent de nombreux Haïtiens.

Voilà mes toutes premières impressions… D’ici peu je vous donnerai mes premières expériences dans le cadre de ma mission !

Au plaisir de vous retrouver bientôt !

Ariane