J'ai appris que l'Europe coulait sous les trombes d'eau, y compris Genève, même si cette dernière ville n'a pas eu à subir des catastrophes avec les crues (la plus grande catastrophe étant toujours la circulation !). Et bien ici aussi les pluies s'éternisent, alors qu'on devrait être dans la période chaude et sèche, elle reste humide et moins chaude que prévue...Du coup, la circulation dans la région est une vraie catastrophe et nous contraint de reporter, chaque semaine, toutes les formations prévues en montagne, car la voiture du pasteur ne peut emprunter ces routes ! Du coup, je terminerai (peut-être) les formations vers le 20 juin, alors que je pensais les terminer pour le 10 juin, les examens commençant le 13 !
Si je comprends qu'en montagne, la pluie est problématique pour les déplacements, je suis surprise de voir qu'en ville il est acquis qu'un jour de pluie est un jour sans école. Ainsi, vendredi 27 mai, il a bien plu pendant la nuit et ce jusqu'à 8h30. Ma formation ayant été annulée, je me suis préparée pour aller au bureau à 8h mais j'ai constaté que les enfants et leur maman restaient tous en pyjama... En discutant, Emanette m'a dit qu'il n'y avait pas école à cause de la pluie ! Pour finir, à 9h30 le chauffeur nous a conduites toutes deux au travail. J'étais la première au bureau, mais vers 10h les autres administratifs sont arrivés. J'ai été voir à l'école.... 0 enfant, 0 enseignant, seul le directeur du primaire était venu voir si tout était en ordre, mais aucun signe du directeur du secondaire ou de qui que ce soit d'autre ! Bien sûr, les rues étaient humides et j'ai même eu droit à un passage de camion un peu trop près de moi (voir ci-dessous), mais je me dis qu'heureusement que nous ne faisons pas cela en Suisse, car le programme scolaire serait dur à respecter !
Une patinoire de boue aussi glissante que la glace
Le matin, je suis partie honteuse d'avoir oublié de cirer mes chaussures..... mes regrets n'ont pas duré ! ;-)
Au bas d'une rue en pente, des morceaux de la rue s'agglutinent .....
... et les trous dans la rue se creusent !
Bon d'accord, certains endroits sont à éviter !
Le lendemain, je suis allée en passagère moto avec le directeur de Léon pour donner une formation facultative dans son école. Effectivement, l'heure de voyage a ressemblé un peu à du cross et j'ai regretté de ne pas avoir mon pantalon de pluie de moto à cause des énormes flaques d'eau traversées ! Cependant, le directeur m'a dit que la veille des élèves étaient tout de même venus à l'école alors que la plupart des classes sont inondées par l'eau, puisque la pluie avec le vent rentre par les ouvertures/fenêtres. Il a été difficile de trouver une classe presque sèche. Pendant la séance, la pluie a commencé à tomber et j'étais plutôt inquiète pour notre trajet retour... Par chance, le pasteur était venu avec sa voiture et a fini ses séances quasiment en même temps que moi, j'ai donc pu profiter de sa voiture pour le retour, abandonnant lâchement "mon motard", mais vu l'état de la route, je pense qu'il a été plus simple pour lui de rentrer seul sur sa moto !
...très contente d'être rentrée en voiture....
surtout qu'il pleuvait encore !
Lundi 6, c'était ma dernière formation de 2h l'après-midi avec 5 enseignantes convoquées du collège d'à côté . A 15h personne, mais je sais que je dois toujours attendre au moins jusqu'à 15h20-15h30...
A 15h45, toujours personne, je décide donc de partir. En arrivant dans le couloir, je croise une enseignante toute étonnée d'être la seule... J'ai refusé de donner une formation sur l'heure restante à une seule personne, car ces enseignantes ne se sont souvent pas présentées aux séances précédentes.
Du coup, l'inspecteur a été désolé pour moi et nous avons eu une longue discussion. Il m'a demandé comment nous faisions pour gérer les arrivées tardives et les absences : difficile de lui expliquer que chez nous ces faits restent dans "l'exceptionnel" ou dépassent rarement 5-10' de retard. Je lui ai dit que même les jours de neige, nous étions tenus de nous rendre à notre travail et que ce sont ces conditions météos qui provoquent parfois de gros retards, mais qu'il n'était pas envisageable de commencer nos séances systématiquement 30 minutes plus tard que prévu ! Ici, il y a une seule école, où j'ai été donner des formations, où j'ai pu toujours commencer précisément, j'ai dit au directeur qu'il devait avoir des origines suisses !
Les inspecteurs doivent terminer leurs rapports de fin d'année. En effet, ils doivent remplir une évaluation pour chaque enseignant. Il y a des items notés de 0 à 5 pour différents critères et le total peut atteindre 250 points. Le directeur de chaque école remplit également une évaluation équivalente pour chaque enseignant. Ces documents sont transmis au bureau de l'éducation générale des églises méthodistes (BEMHEG) et peuvent permettre aux enseignants de recevoir une prime annuelle pouvant aller jusqu'à 600 gourdes (CHF 9-10) qui représente environ un dixième d'un salaire mensuel. Malheureusement, et étrangement, les enseignants travaillant dans des écoles presbytérales (c'est à dire groupements d'élèves dans une église) n'ont pas le droit ni aux évaluations, ni aux primes. Enfin, les enseignants n'ont pas connaissance des évaluations faites sur eux et ne peuvent donc savoir ce qu'ils doivent améliorer. Les primes seront versées peut-être en octobre ou ????
Les salaires restent difficiles à verser, depuis février peu d'enseignants ont reçu leurs salaires et pour certains c'est encore plus vieux ! A ma grande surprise, les enseignants d'une école peuvent être payés car les parents ont bien payés les cotisations et vice-versa (pour rappel en ville les frais sont plus élevés pour les parents mais ceux-ci paient plus régulièrement et sont plus nombreux) ou parce qu'une association américaine a versé de l'argent pour une école donnée. Ce système fait qu'il n'y a pas une centralisation des ressources (au moins par région) et donc des enseignants d'une école peuvent être payés presque régulièrement et d'autres pas du tout..... Bref, le système continue à m'interroger et l'argent étant le nerf des difficultés, je ne vois pas comment rétablir une situation
saine !
Sinon le pays continue à avancer (ou reculer si on suit la chute de la valeur de la gourde ?) dans l'inconnu. Pour rappel, les résultats du premier tour des présidentielles en novembre 2015 ont été contestés, le président et son gouvernement ont quitté leurs fonctions début février, le gouvernement provisoire pour 3 mois est toujours là, la date du deuxième tour des présidentielles ou même la décision de refaire le tout n'ont toujours pas été décidés et à présent les députés sont en vacances annuelles. Donc nul ne sait comment cela va se poursuivre !
Pour ma part, ma jambe finit de cicatriser et mon oeil ne m'en fait pas voir de toutes les couleurs (malheureusement), mais me laisse dans le flou, comme depuis plus de 5 semaines :-( Certes, le flou diminue et je peux presque arriver à lire un mot écrit en grosses lettres, mais ce n'est pas encore cela! J'ai même eu un sentiment de rechute au niveau de la douleur et de la gêne il y a 10 jours, du coup j'ai téléphoné à l'ophtalmologue à Port-au-Prince. Nous avons convenu d'attendre encore deux-trois jours avant de me déplacer pour le voir, mais comme cela a l'air d'aller mieux, je vais attendre son retour le 14 juin ! Par contre, rendez-vous est déjà pris pour un contrôle supplémentaire à mon retour à Genève !
Suite à mon article précédent, quelques amis m'ont adressé de l'argent que je vais pouvoir faire parvenir au médecin qui m'a soigné la jambe et au dispensaire où j'ai été pour mon oeil. Je suis sûre que cette aide imprévue va les rendre heureux. J'ai aussi une connaissance qui va m'aider pour soutenir Kalos, Merci, vous êtes formidables et je sais que les autres font d'autres choses, alors pas de souci !
Voilà, je crois que pour aujourd'hui je vais m'arrêter là en vous remerciant pur votre lecture et en vous souhaitant une excellente continuation !
Cordialement
Ariane
