jeudi 14 avril 2016

La vie à Häiti


Aujourd'hui, j'ai envie de vous faire part de quelques observations que j'ai faites sur la vie haïtienne afin de varier un peu mes écrits et donc de moins vous ennuyer ! Il n’y a pas forcément de liens entre ces constats, mais ils m’ont interpellée : que cela ait enrichi mes connaissances, interrogé mes pratiques habituelles ou que cela m’ait fait sourire d’attendrissement….




Dès mon arrivée à Pétion-Ville, j’ai découvert dans la cour un arbre à coton et régulièrement pendant mon séjour  j’ai vu les femmes le ramasser puis le travailler.  J’avais vu le filage du coton au Burkina Faso, mais sans voir le bel arbre !

































Les gens étant chrétiens, les gens sont enterrés lorsqu’ils décèdent, car il n’y a pas de crématoire en Haïti, donc pas de choix. Dès lors, il n’est pas rare de voir passer des cercueils… qu’ils soient portés par quelques personnes marchant sur la route ou déposés sur une charrette, la voiture n’étant pas accessible pour tous. Par contre, j’ai aperçu un nombre incroyable d’entreprises funéraires dans les villages et villes traversées.



Dans les villes, il y a des cimetières, mais en campagne, le plus souvent, les cercueils sont déposés dans des caveaux sur la propriété et que l’on ferme avec des briques. Il y aussi des fleurs en plastique qui ornementent le caveau.

















Comme il n’y a pas de journaux, il n’y a pas de publication, mais on voit souvent des banderoles funéraires qui surplombent les rues, en hommage aux disparus.




Dans les savoureuses expressions locales, il n’est pas rare de voir des panneaux « maison affermer » pour les locations disponibles, mais il y a aussi les traditionnels panneaux « maison à vendre » !





 

Les Haïtiens disent qu’ils ont « la tête chargée » dès qu’ils doivent penser à quelque chose ou organiser quelques choses. Très souvent, je me suis dit qu’en Europe, nous aurions carrément « la tête écroulée ou explosée » avec notre stress quotidien !
Les "surete" sont nos bonbons, les « pirouili » nos sucettes et leurs « bonbons »  nos petits snacks sucrés ou salés comme le « petit écolier ».





Si les gens sont assez pauvres ici, surtout en campagne, il y a cependant toujours une petite maisonnette « banco » ou « borlette », même dans les coins les plus isolés…. Les habitants peuvent ainsi jouer au loto ou faire des paris sur des matchs, etc. Ces lieux sont souvent les premiers ouverts (déjà dès 7h du matin) et les derniers à fermer, sans que cela permette à beaucoup de s’enrichir !


















Comme je l’ai déjà dit, un grand nombre d’Haïtiens sont très élégants, surtout pour aller à la messe le dimanche et les femmes portent souvent de très beaux chapeaux. Dans ma famille, le matin les enfants ont l’uniforme pour l’école, puis une tenue de maison et une pour dormir et ils se changent chaque jour.
Dès lors, partout et sans cesse, les femmes (jamais vu d’hommes !) font la lessive dans des grands bacs en métal en ville, mais directement dans la rivière ou le ruisseau si cela est possible. Pour sécher le linge, elles l’étendent sur le sol ou sur les arbustes environnants, cela crée donc toujours des larges patchworks colorés ! Les cours d’eau sont aussi la salle de bains de luxe pour se laver. Sinon, les gens se lavent devant leur maison avec un bidon d’eau, car la plupart des maisons n’ont pas de pièce d’eau. En roulant, nombre de fois, j’ai vu des gens, juste en culotte, en train de se laver au bord de la route. Bien entendu, il n’y pas d’eau chaude, même dans ma maison, mais l’eau, sauf les jours frais, ne me semble jamais froide. Certaines personnes, même des Haïtiens, font chauffer une bouilloire d’eau (s’ils ont l’électricité) afin de l’ajouter au seau !  Il faut en effet rappeler que beaucoup de maisons n’ont pas l’électricité et que celles qui en ont, à moins d’avoir son propre générateur, ont l’électricité partiellement. Ici à Jérémie, il y a l’électricité, en général, de 18h à 23h et de 6h à 7h, soit 6h par jour, mais des fois le courant est présent beaucoup plus longtemps et c’est la fête (surtout pour ceux qui ont la télévision !!!).





Très souvent, les panneaux solaires sont utilisés : soit pour l’éclairage public (en général un ou deux dans les villages) soit en petite version pour recharger les téléphones portables !





Si vous avez de l’électricité dans votre maison, comme par exemple mon amie Céline grâce à un grand panneau solaire, alors les voisins viennent facilement vous demander de venir recharger leur mobile !




 


Si la circulation dans les grandes villes est vite difficile avec les automobiles, ici à Jérémie cela va mieux car il y a plus de deux roues que d’autos ,mais quasi toutes les voitures sont des pick-up ou des gros 4x4 et prennent donc de la place !
Ici le pick-up du Pasteur Exantus qui est généralement mis à notre disposition pour les déplacements dans les écoles, soit le Pasteur nous accompagne soit nous avons un chauffeur.


A Jérémie, tous les taxis sont des motos, certaines étant même attelées d’une sorte de charrette où mettre du matériel ou transporter 6-10 personnes. Les voitures sont trop chères pour la plupart des habitants, ils essaient donc d’avoir au moins une moto qui servira de transport pour toute la famille, soit souvent jusqu’à 4 adultes  ou des chargements incroyables (y compris sur la tête des passagers). Cependant, c’est toujours vite compliqué, car il n’y a aucun parking de prévu. Donc chacun s’arrête où il veut que cela soit moto, auto ou camion. Les rues étant étroites, si un camion est arrêté pour décharger des sacs de ciments, alors les motos peuvent parfois passer, mais les autos doivent prendre un autre chemin ! Pendant mes vacances, un camion a l’air d’avoir brûlé sur la route qui passe devant la maison, depuis ce camion n’a pas bougé…parfois je vois des gens qui ont l’air de bricoler dessus, mais il n’y a plus de vitres, de sièges, etc… Je ne sais pas combien de temps il restera là, gênant la circulation, mais heureusement la route est assez large pour passer à côté en auto. Les garagistes et mécaniciens n’ont pas d’ateliers non plus, alors les réparations se font aussi sur le bord de la route. Si vous ajoutez à tout cela : les caniveaux, les marchands ambulants, les piétons, les ânes, des routes en très mauvais états (surtout s’il a plu, car les routes en pente perdent alors une partie de leurs cailloux qui s’amoncèlent au croisement plus bas) et vous comprendrez qu’il faut être très très prudent pour rouler.






La route en bas d'un croisement après un jour de pluie.....



















Il faut faire également attention aux poteaux des fils électriques, car si certains sont bien au bord de la route, certains peuvent empiéter plus ou moins sur l'espace de roulement !








Ici les gens klaxonnent donc beaucoup : pour avertir les autres de l’arrivée du véhicules et les rendre attentifs, pour les remercier d’avoir laissé le passage ou pour saluer une connaissance. Impossible de ne pas avoir un klaxon en état de marche sur son véhicule ! Céline a dû faire mettre un câblage spécial relié à une sorte de sonnette déposé à côté de ses jambes pour klaxonner, car inimaginable de ne pas en avoir un et celui de la voiture demande une réparation très onéreuse !
Enfin, à Jérémie, il n’y a quasi aucun vélo, car les routes sont toutes pentues !



Quand un véhicule motorisé est trop cher ou impossible par manque de routes praticables, l’âne est encore très utilisé avec une corbeille de chaque côté et il transporte une quantité de matériel incroyable !










Enfin, le transport de matériel le plus utilisé se fait sur la tête ; enfant, femme, homme, chacun le fait ! Cela m’a fait sourire quand j’ai vu Nolam, 2,5 ans, qui, en prenant un bidon pour aider sa maman, a essayé tout de suite de le placer sur sa tête…. En Europe, ce n’est pas notre réflexe, comme celui de se tenir accroupi pour se reposer ! Là, j’ai vraiment un problème d’équilibre (et de ventre ;-) ) pour le faire !




Durant ces dernières semaines, j’ai assisté à des messes dans des endroits différents et j’ai observé quelques constantes :
-       des services longs (minimum 2h),
-       la présence de plusieurs petites chorales intervenant chacune pour un chant lors de la cérémonie,
-       la présence de musiciens avec des instruments fabriqués par eux (surtout des percussions) ou un clavier, une guitare électrique et/ou une batterie. Chaque musicien joue avec un enthousiasme incroyable… Parfois, cela me « perturbe » quand ils accompagnent des chants avec la guitare et  le clavier, mais sans savoir l’accompagnement, car cela devient vite cacophonique… Ce d’autant plus que la sono est alors à fond comme dans un concert !!!

      
     
      Comme dans beaucoup de pays, les installations électriques sont très différentes de la Suisse. Ici, j'ai moins vu de câbles électriques se mêlant incroyablement comme aux Philippines ou en République Dominicaine, tout simplement car peu de gens ont l'électricité, mais certaines situations feraient frémir nos électriciens, comme ici dans l'église à côté du banc !







 Enfin, comme aux Philippines, ici on rappelle souvent
 qu'il est interdit d'entrer dans un lieu armé !














En circulant dans le pays, j’ai été surprise de constater le nombre d’écoles, privées et publiques, qu’il y a partout ! Les élèves, même dans les écoles secondaires ou professionnelles, ont toujours des uniformes. Parfois, c’est le jour des couleurs, alors ce jour-là aucun uniforme et chacun met les  habits qu’il veut !

Lors des examens du deuxième trimestre, j’ai constaté que tous les élèves du collège Jean Wesley, du préscolaire à la philo, devaient présenter un carton avec le tampon de l’école pour pouvoir accéder à la salle de classe  et aux examens écrits. J’imagine que cette coutume est dans toutes les écoles, mais à Genève je n’ai jamais vu cela en scolarité obligatoire !

Dans les écoles visités, j’ai souvent dû aller aux toilettes… Quand c’est un trou au sol, c’est l’installation la plus adéquate, mais souvent ils font une sorte de haut caisson en bois, comme un siège avec un trou, et, si on ne veut pas s’assoir, cela devient plus complexe, surtout avec mes petites jambes !!! Bien souvent, je regrette ne pas être un homme, car je les vois se soulager partout et sans arrêt, ou d’avoir trop de pudeur et d’être en pantalon, car les femmes en jupe n’hésitent pas à s’accroupir quand c’est nécessaire, quitte même à descendre leur pantalon !

e Le 21 mars, je  m’étais donc blessée à la jambe en me faisant un beau trou en tombant dans un caniveau. En revenant à Jérémie, le 28 mars, j’ai été chez le médecin, fils d’un inspecteur d’ici, celui-ci a constaté que j’avais de grosses nécroses et un début d’infection malgré les médicaments et un changement de pansement, il a donc dû enlever les fils afin de tout nettoyer. Dès lors cela fait trois semaines, que je vais 7 jours sur 7 à 7h (sauf le dimanche où il me voit à 13h car il va à la messe avant)  pour qu’il me change mon pansement et applique plusieurs pommades désinfectantes. Cela fera aussi 5 semaines d’antibiotiques et 7 semaines de vitamine C… Enfin, cela commence enfin à cicatriser, mais ce n’est pas encore refermé ! Heureusement, je n’ai pas eu beaucoup de douleurs sauf la première semaine, mais j’avais des calmants. Patience et interdiction de bain, donc les douches sont faites avec un sac en plastique pour protéger le pansement !

Voilà donc quelques observations que je tenais à partager avec vous et qui, j'espère, vous ont intéressés !
Merci pour votre attention et bonne continuation à tous !
Ariane